Chapitre 10 : Que serais-je sans toi…

 

n long silence suivit la confession d’Hedwige. Nous étions tous restés sans voix, jusqu’à ce que Ceiba se mette à piailler et que la tension retombe un peu. Je pensais à Mâchecool. Quel séducteur ! Heureusement que mon cœur était pris par un autre, sinon j’aurais pu, à mon tour, jeune et innocente oiselle, tomber entre ses griffes. J’eus pitié d’Hedwige et de son oisillon mal fichu. Je fis un geste vers elle, pour lui signifier que je lui pardonnais. Elle eut l’air soulagé. La voix de Dumbledore s’éleva alors :

-« Hé bien ! Puisque maintenant tout est expliqué, je pense que Madame Jessica Voitout-Saitout va pouvoir réviser son appréciation. »

Effectivement un nouveau jugement me disculpa totalement. L’affaire fut revue avec le témoignage de la nouvelle accusée, Hedwige. Elle passa rapidement sur l’existence de Ceiba, qui n’avait pas un lien direct avec la mort de Wincky. Peeves fut cité comme témoin oculaire, puisqu’il avait assisté au drame. La nature accidentelle du décès ne laissa plus aucun doute à personne.

Notre amie fut cependant condamnée à trois mois de travaux d’intérêts généraux pour dissimulation d’indice, entrave à la justice et mise en scène d’un meurtre. Elle dut récurer à fond la volière, ce qui bousilla définitivement sa manucure. Elle fut également réquisitionnée aux cuisines pour aider à la fabrication des fromages. En échange de quoi, elle pouvait en prélever chaque soir une portion pour Ceiba.

Cette dernière fut tout d’abord confiée à Hagrid, ravi d’avoir à s’occuper d’un bébé aussi original, mais Crockdur la reniflant d’un peu trop près, Dumbledore décida de créer une section nursery dans la volière, ce qui fit le bonheur de nombreux autres volatiles. Basile posa sa candidature pour le poste de nourrice, mais ne fut pas agréé. Mâchecool reconnut la petite publiquement, tout ému, et décida de s’installer définitivement à Poudlard, où Hedwige veillerait sur ses sorties.

Jessica décida d’envoyer le détective Poncho faire un long stage au Canada, d’où il pourrait rapporter de nouvelles techniques d’investigation. Mimi Lunique avait pu quitter sainte Mangouste. Elle était presque totalement remise, à l’exception d’un léger trouble du calcul mental. Il lui restait également quelques séquelles du choc, car à intervalles réguliers elle répétait mécaniquement « Trop cool cette fric ! », sans que personne ne puisse savoir de quoi il s’agissait. Mais comme elle n’avait pas été jugée dangereuse, elle pourrait sans problème accompagner Peio Abril dans sa quête.

Quant à moi cette aventure m’avait échaudée. J’avais été à deux doigts de finir à Azkaban, au milieu de dangereux criminels, à perdre ma joie de vivre et la possibilité de redevenir un jour la Sofie que j’étais. Aussi de ce jour mon attitude changea du tout au tout. Je devins serviable, amicale, bienveillante. Mon maître était un peu inquiet car il trouvait que je perdais mon âme de serpentarde… Mais néanmoins il m’arrivait encore, certains soirs sans lune, de rassembler l’ASQBCD, et nous partions pour des nuits endiablées. Et dans ces moments là, je vous assure que les habitants de la forêt interdite n’avaient qu’à bien se tenir… Mais je prenais bien garde d’être rentrée avant l’aube.

 J’avais connu, dans ma première vie, une certaine Cendrillon. La pauvrette avait bien des soucis, mais grâce à la magie de sa marraine la fée, elle parvenait à s’éclipser certains soirs de bals pour aller danser. Un soir qu’elle n’avait pas fait attention à l’heure tardive, tout accaparée par l’attention que lui portait le beau jeune homme avec qui elle flirtait, elle ne se rendit compte que trop tard que le temps qui lui était imparti avait été dépassé. Elle s’enfuit en courant, semant toutes ses petites affaires au passage et si moi, Sofie, n’avait pas été là pour tout ramasser derrière elle… Comment ? Oui, je sais, j’ai oublié une chaussure ! Une malheureuse mule ! Vous ne pouvez pas savoir le foin que cela a fait ! Les envoyés du roi ont visité toutes les maisons aux alentours pour dénicher celle qui laissait traîner ses détritus à l’entrée du palais. Et bien sûr, pas maligne, la pauvre a finit par se faire prendre !!! Mais moi cela ne m’arrivera pas ! Je suis bien trop prudente pour laisser une quelconque trace de mon passage. Je n’ai pas une cervelle d’oiseau moi !!!

Enfin, bref ! Le fait d’avoir été soupçonnée à tort, puis blanchie, m’avait conféré une certaine aura parmi la population de Poudalrd et chez les serpentards en particulier. Mais eux restaient convaincus de ma culpabilité et admiraient ma duplicité. J’étais devenue leur égérie. Mon Severus eut bien du mal à les calmer, car ils étaient tous après moi dès qu’ils avaient un forfait à dissimuler. Mais je leur fis rapidement comprendre que je ne mangeais pas de ce pain là. Qu’ils assument eux même leurs bêtises ces grands cornichons, j’avais déjà donné !

Par contre mon esprit fouineur et plein de bonne volonté était décidé à rendre service pour retrouver des objets perdus, ou résoudre des mystères inexpliqués. Ainsi un certain Neuville Londubat devint un de mes clients attitrés. Et oui ! Je m’étais lancé dans la profession de détective privé. J’avais fait passer une page de publicité dans « Le Chicaneur » et je distribuais régulièrement mes petites cartes imprimées à la sortie des cours :

 

Retour d’affection, perte d’objet, malchance, envoûtement…
Ton mari te trompe, ta femme est partie avec un plombier moldu, tu as perdu tes affaires, ton balai, la boule…

Crouac fait revenir ton bien en 48 heures chrono…
Discrétion assurée, facilités de paiement.

 

 

Et je peux vous dire que mon petit commerce marchait à plein. Je m’étais installé un petit bureau, assez loin du cahot de mon Maître, et toute l’ASQBCD travaillait avec moi. Ils étaient mes relais à l’extérieur, pendant que je m’occupais de la gestion et des enquêtes internes. Mais en cas de coup dur, d’énigme délicate ou d’affaire embrouillée, je donnais de ma personne et fonçais sur le terrain.

C’est ainsi que je résolu de nombreux mystères qui restent encore dans les annales. Ainsi celui que l’on connaît aujourd’hui encore sous le titre énigmatique du « Parfum de la dame en noir ». Il ne s’agissait en fait de rien d’autre que de cette pauvre Minerva McGonagall qui, un soir, avait confondu deux de ses flacons usuels. Le lendemain matin elle arborait un teint verdâtre et ses vêtements sentaient très fort l’alcool…

Je pourrais vous parler aussi de l’affaire des « Dix petits nègres ». Personne avant moi n’avait compris pourquoi Drago Malefoy rendait régulièrement des devoirs dont l’écriture différait selon les paragraphes.  Et je ne citerais même pas « La lettre volée »  ou « L’aiguille creuse », car je suis trop modeste… Mais mes véritables talents de déductions et d’analyse allèrent se révéler au grand jour dans l’affaire dite « Des livres voyageurs » que je vais vous conter dans le prochain chapitre…

 

 

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